FAQ

Pourquoi je n’utilise plus de logiciel 3D ?

Lors de la création de CITYZEN.D en 2015, je travaillais comme une architecte d’intérieur « classique ». Je pratiquais une prestation en deux ou trois phases ; je réalisais des avant-projets sur ordinateur, des perspectives avec des logiciels 3D, et des rendez-vous de rendu de projet. Cette méthode, bien que largement enseignée et pratiquée, représentait pour moi plusieurs inconvénients.

Après plusieurs tests et essais, je me suis rendue à l’évidence. Réaliser mes plans et mes perspectives à la main était bien plus efficace, ressourçant et intéressant pour mes clients. Voici les raisons qui m’ont convaincues de me passer de logiciel 3D pour pratiquer mon métier d’architecte d’intérieur.

Les logiciels de conception bridaient ma créativité

J’avais énormément de mal à aborder un nouveau projet en allumant mon ordinateur. En effet, la conception sur logiciel demande d’avoir au préalable une idée très claire de l’agencement. Le dessin informatique étant très précis, il devient pénible de réaliser le travail d’esquisses qui permet de tester des idées. De plus, la moindre conception demande beaucoup de temps. Je passais en moyenne 20 heures devant mon écran pour réaliser trois avant-projets. Le droit d’essayer de nouveaux designs devenait de plus en plus réduit ; car émettre une mauvaise idée se transformait en plusieurs heures de travail gâchées. La conception était pour moi devenue un moment d’angoisse, avec une énorme pression de performance. Ce qui, invariablement, bridait ma créativité.

La reprise du dessin m’a permis d’oser de nouveaux designs

Lorsque j’ai intégré la formation H.O.M.E, j’ai repris le métier à la base, avec simplement un crayon, une gomme et mon rouleau de papier calque. J’ai recommencé à faire des esquisses à la main. Simplement en dessinant des formes ; puis en affinant l’agencement de manière plus précise lorsque je sentais que mon idée méritait d’être développée. Je me suis rendue compte de la rapidité du dessin. Plus aucun filtre entre ma créativité et son expression sur le papier ! L’agencement est devenu aussi simple qu’un coup de crayon sur du papier. Non seulement je n’ai plus eu peur de me tromper; mais j’ai compris que plus j’esquissais d’idées, plus je pouvais proposer une conception pertinente.

Dessiner permet d’être un meilleur agenceur d’intérieur

Devenir libre de mon design m’a aussi permis de devenir plus consciente de ce que je concevais. Je l’ai récemment remarqué avec l’arrivée de Jade (mon apprentie) à l’agence. Lors de sa formation en école, elle avait pris l’habitude de « glisser déposer » du mobilier sur son plan. Lorsqu’on a conçu ensemble son premier projet CITYZEN.D, elle m’a demandé : quelle est la dimension d’un lit deux places ?

En réalité la conception assistée par ordinateur l’avait coupée de la conscience des mesures ; des zones de passage, et donc de la réalité d’usage d’un habitat. Le fait de connaître les dimensions des agencements nous permet de mieux nous représenter l’impact d’une conception dans l’espace. Cette armoire ne sera-t-elle pas trop imposante ? Y-at-il assez de passage entre la table et le mur ? Quel geste va devoir effectuer mon client pour accéder à tel placard ? Autant de questions que nous sommes amenées à nous poser lorsque l’on conçoit un plan d’agencement à la main.

Les bibliothèques d’objets 3D ne sont pas du côté de l’écologie

J’ai par ailleurs découvert que les possibilités que m’offraient les logiciels de conception étaient extrêmement limitées par rapport à une conception dessinée. En effet, je travaillais avec une bibliothèque de mobilier certes étoffée ; mais sans comparaison avec ce que je pouvais trouver sur le marché. Alors qu’avec simplement des dimensions et un visuel, je pouvais dessiner n’importe quel meuble, en un rien de temps ! Cela m’a permis de proposer plus de mobilier de seconde main et de mobilier écologique, rarement modélisés en 3D ; et donc de m’affranchir du dictat de design des grandes marques.

Je pense que bien des architectes d’intérieur prescrivent du mobilier ou de la déco simplement par confort d’usage des bibliothèques 3D. Je les comprends, nous ne pouvons pas modéliser chaque objet en 3D pour les intégrer dans un projet. Ce n’est pas notre métier et c’est très long à faire. Mais c’est aussi très bien calculé de la part des grandes marques qui mettent à disposition leur catalogue en 3D. Car ils savent que les designers d’intérieur font des visuels 3D formidables qui feront envie à leurs clients. Le dessin permet de rester libre de travailler avec qui l’on veut, et notamment des petits créateurs, des brocanteurs ; en bref des personnes qui font progresser l’habitat écologique.

Le dessin m’a permis de concevoir le projet de rénovation de mes clients en direct et sur place

Alors que le dessin en tant que méthode de conception d’intérieur m’avais déjà amplement convaincu ; je me suis lancé un nouveau défi. Réaliser des plans d’agencement et des perspectives à main levée directement chez mes clients. Bien que l’exercice de créer un projet, sous les yeux de mes clients, ait été effrayant au début ; j’ai été amplement récompensée de cette prise de risque !

Le premier avantage que j’ai immédiatement rencontré a été la possibilité de faire des vérifications de côtes. En effet, lors d’une étude « classique », on réalise un métré ; puis on retourne au bureau faire son Etat Des Lieux (EDL). Plan à partir duquel on va concevoir le nouvel agencement. Même avec de l’expérience, l’architecte d’intérieur peut oublier un mesure, une hauteur sous plafond, ou l’emplacement d’un radiateur. En concevant le projet sur place, on a tout le loisir de faire une vérification ; et même par la suite de faire une mise en situation de ses propositions avec le client.

Le design d’intérieur assisté par ordinateur occultait les besoins de mes clients

Le deuxième avantage a été de tester mes idées en direct avec les clients ; tout en restant connectée à leurs besoins du début à la fin. Lorsque je pratiquais l’architecture d’intérieur « classique » ; je réalisais un cahier des charges à partir de la découverte des besoins de mes clients. Puis j’effectuais 3 propositions d’agencement de mon côté, que je présentais en bloc à mes clients lors d’un second rendez-vous. Bien souvent, je me rendais compte que les clients ne savaient pas quoi penser de mes propositions. C’était trop d’informations à gérer d’un coup. Et surtout, en se projetant dans mon travail, ils s’étaient déconnectés de leurs besoins de base.

Au contraire, depuis que je pratique la conception en direct avec mes clients, la discussion autour des besoins ne s’arrête pas. Les esquisses et les propositions d’agencement sont autant d’hypothèses testées à l’aune des usages de chaque habitant. Je m’appuie sur des perspectives à main levée, des images d’inspiration, et des mises en situation dans l’espace pour expliquer mes idées. Mes clients peuvent interagir directement, apporter leurs modifications et faire appel à leur propre créativité !

Mes clients sont devenus créatifs et ont pris en main leur projet

Le troisième avantage est la suite logique des points précédents. Mes clients s’expriment, affinent leur projet, créent avec moi leur intérieur. Ils deviennent les concepteurs, les décideurs de leur projet. Mes clients savent exactement ce que signifie sur le plan « une croix dans un carré ». Ils savent pourquoi nous avons réalisé tel ou tel agencement à cet endroit précisément. Bref, ils deviennent maîtres de leur projet et n’auront aucune difficulté à le défendre.

Trop de fois auparavant j’ai remarqué des modifications du projet de base suite à l’intervention d’un cuisiniste ou d’un artisan. « On m’a dit que ce serait mieux comme ça » : et paf ! la conception devient sous-optimale et le client regrette. Aujourd’hui j’ai des clients qui savent dire non lorsque les modifications ne sont pas dans leur intérêt ; et n’ont pas peur de gérer leurs travaux. J’aime cette nouvelle dynamique d’avoir des partenaires autonomes et créatifs ; plutôt que de simples clients dont je suis « au service ».

L’utilisation des logiciels d’architecture d’intérieur m’épuisait

Aussitôt que j’ai commencé à dessiner, je me suis rendue compte à quel point la conception informatique avait été énergivore. En effet, pour le même projet, une conception dessinée est deux fois plus rapide qu’avec un logiciel de conception 3D. Avec un niveau de précision technique similaire voire meilleur pour le dessin à la main ! Car comme décrit plus haut, on peut réellement tout représenter en dessinant.

J’ai eu le plaisir de voir mes traits devenir plus précis, de me sentir progresser à chaque dessin. J’ai également remarqué que mon niveau d’énergie baissait de moins en moins lorsque je me consacrait au projet d’un client. Au contraire, quelque chose dans le dessin m’apaise, me stimule. De plus mon niveau de charge mentale a drastiquement baissé lorsque j’ai cessé d’utiliser les logiciels de plans. Et mes yeux me remercient au passage !

Le dessin à la main m’apaise et permet de passer un moment agréable

Lorsque je dessine en direct avec mes clients, je remarque que cet apaisement est communicatif. Je comprends maintenant pourquoi les vidéos Youtube de peinture ou de dessin fascinent autant de gens ! Voir une idée, un projet, prendre vie sous la mine d’un crayon a quelque chose de réellement magique. Une idée, une suggestion, et hop, le dessin se transforme !

Lorsque j’étais cuisiniste, j’agençais sur ordinateur en montrant aux clients mon écran pour qu’ils assistent à la conception. Je me souviens qu’à la fin du rendez-vous, qui durait 1 à 2 heures, on était tous très fatigués. Aujourd’hui je passe 4 à 5 heures de co-création avec mes clients, et on ne voit pas le temps passer !

La conception assistée par ordinateur nuisait à l’imagination de mes clients

J’avais un peu peur de la réaction des clients lorsque je leur annoncerais qu’ils n’auraient plus de rendu « photoréaliste » ; mais à la place une perspective réalisée à main levée en noir et blanc. En réalité, j’ai eu de très bon retours. Nul besoin d’avoir une quasi-photo de son futur intérieur quand on a déjà tous les détails en tête ! Et oui ! En dessinant, en visualisant dans l’espace, en choisissant les matériaux, les couleurs, le mobilier, l’éclairage ; mes clients avaient déjà l’image de leur projet en 3D dans la tête. Magique ! J’ai put ainsi délaisser sans regret des heures passées devant un écran pour enfin me consacrer pleinement à mes clients.

Voici comment ma décision de ne plus me servir de logiciels 3D a révolutionné la pratique de mon métier. Ainsi que la passion que je lui porte, et la relation que j’ai avec mes clients. Si ce partage vous a inspiré, venez en discuter avec moi sur Instagram ! A bientôt !

Mathilde.

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